Le déni de grossesse est un phénomène psychologique et corporel encore mal expliqué et pourtant assez courant : il concernerait chaque année en France plus de 1 500 femmes.
Comment définir le déni de grossesse ? Quelles en sont les causes et les conséquences ?
Qu'est-ce que le déni de grossesse ?
Le déni de grossesse est un mécanisme psycho-corporel correspondant au fait d’être enceinte depuis au moins trois mois sans avoir conscience de l’être.
Le déni est qualifié de partiel lorsque la découverte de la grossesse a lieu au cours de la grossesse. Il est qualifié de déni total lorsque la grossesse est découverte au moment de l’accouchement. Il s’agit d’un mécanisme de défense inconscient qui se met en place pour protéger la femme : son inconscient détecte quelque chose de traumatisant dans le fait d’être enceinte ou d’avoir un enfant. Il ordonne donc au corps de se comporter comme si de rien n’était. La grossesse est impensable et imperceptible.
La femme ne ressent aucun symptôme lié à la grossesse ou les attribue à d’autres causes. Ainsi, les nausées, la fatigue, les douleurs, la prise de poids ne sont pas associées à la grossesse. Enfin, le foetus se positionne de telle sorte que son ventre ne grossit pas. Lorsque la femme apprend sa grossesse, le ventre peut durcir et gonfler en quelques heures, au plus en quelques jours.
Qui est concerné ?
Le déni de grossesse peut concerner toutes les femmes, même celles ayant déjà vécu une grossesse et un accouchement. Mais quelles sont les causes du déni de grossesse ? Le déni de grossesse permet, nous l’avons vu, de protéger la femme d’une réalité traumatisante.
Ce qui est jugé inconsciemment traumatisant pour une femme ne le sera pas nécessairement pour une autre.
Le déni de grossesse peut par exemple être lié à la transformation corporelle qu’impose une grossesse, ou à un traumatisme vécu. Il peut également résider dans le fait de ne pas se sentir capable ou légitime à être parent.
Ainsi, cette réalité est propre à chaque femme et dépend de son histoire, ses antécédents, son mode de vie, ses projets, ses envies…
Les conséquences du déni de grossesse
L’annonce de la grossesse lorsque celle-ci est à un stade avancé ou au moment de l’accouchement constitue un véritable choc émotionnel pour la femme.
Outre les changements physiques qui interviennent généralement dans les heures suivants l’annonce de la grossesse, la femme doit appréhender les changements qu’entraine l’arrivée d’un enfant. Lorsque le déni de grossesse est total, elle doit rapidement décider si elle souhaite ou non accueillir cet enfant. Certaines femmes choisissent de confier l’enfant à l’adoption.
En privant la femme de la possibilité de vivre sa grossesse de façon consciente, le déni de grossesse est souvent source de honte et de culpabilité pour celle-ci. Il est en effet difficile d’accepter de ne pas s’être rendue compte de la présence de cet enfant.
Les pères sont également susceptibles de ressentir cette culpabilité.
Une inquiétude et des angoisses peuvent naitre concernant la santé de l’enfant en raison de l’absence de suivi médical au cours de la grossesse.
Quelles sont les conséquences pour l’enfant ?
Le risque pour l’enfant à naître réside principalement dans le fait que l’accouchement puisse se produire dans un lieu inadapté, ou lorsque la femme est seule et ne peut être assistée en cas de besoin.
Par ailleurs, les femmes n’ayant pas conscience d’être enceinte peuvent, sans le vouloir, adopter des comportements à risques pour le foetus comme la consommation d’alcool ou d’aliments non conseillés pendant la grossesse. Rappelons toutefois que dans l’immense majorité des cas, les enfants issus de déni de grossesse naissent en bonne santé.
Au regard des spécificités des naissances issues d’un déni de grossesse, une attention particulière doit être portée concernant l’établissement du lien mère/enfant qui peut prendre un peu plus de temps.
Les liens avec le père et le reste de la famille au sens large doivent également être pris en compte car ils participent activement au bon développement de l’enfant.
L’importance de l’accompagnement psychologique
Après un déni de grossesse, un accompagnement psychologique est vivement recommandé, y compris lorsque la femme opte pour l’adoption de l’enfant.
Cet accompagnement va permettre de :
- rechercher et de comprendre les raisons du déni de grossesse,
- travailler sur les sentiments de honte ou de culpabilité qu’elle peut ressentir,
- aider la jeune mère à créer du lien avec son enfant si besoin,
- travailler sur l’acceptation des changements physiques, psychiques et organisationnels, engendrés par la grossesse,
- gérer le stress et les angoisses possibles liés au bouleversement vécu.
- apprendre à parler à son enfant de son histoire : parler à l’enfant dès sa naissance, lui raconter son histoire et verbaliser les émotions et ressentis quant au déni de grossesse vécu est très bénéfique, tant pour l’enfant que pour la mère.