L’hémorragie de la délivrance ou hémorragie du post-partum peut constituer un réel traumatisme pour les femmes l’ayant vécu. Elle concernerait environ 5% des femmes qui accouchent en France.
Explications et témoignage
L’hémorragie de la délivrance, qu’est-ce que c’est ?
L’hémorragie du post-partum est une complication médicale lors de la délivrance c’est-à-dire lors de l’expulsion du placenta après la naissance du bébé. Elle donne lieu à des saignements importants. Il s’agit d’une urgence médicale qui doit immédiatement être prise en charge par l’équipe médicale.
Les causes de l’hémorragie sont multiples. Dans la majorité des cas, elle résulte d’une atonie utérine c’est-à-dire l’absence de contractions utérines après l’accouchement. Elle peut également être due à une rétention placentaire, des lacérations utérines, des placentations anormales, une inversion utérine, des troubles de la coagulation, etc.
Pour arrêter les saignements, des médicaments peuvent être administrés pour aider l’utérus à se contracter. Des points de suture peuvent également être réalisés en cas de lésions utérines, vaginales ou périnéales.
Une révision utérine doit parfois être réalisée. Dans le cas les plus graves, des interventions chirurgicales sont nécessaires et peuvent aboutir à une hystérectomie (acte chirurgical consistant à enlever l’utérus).
Si l’hémorragie de la délivrance a longtemps été la première cause de mortalité maternelle, les connaissances actuelles et les protocoles nationaux mis en place aujourd’hui ont permis une importante baisse de cette mortalité.
Hémorragie de la délivrance : témoignage
Pauline, témoigne :
« Je suis arrivée à la maternité en début d’après-midi alors que mes premières contractions avaient eu lieu très tôt le matin. Elles se sont progressivement intensifiées. Ne supportant plus les douleurs, je demande à ce qu’on me pose la péridurale vers 23 heures. Elle n’a fonctionné que quelques heures, ce qui m’a permis de dormir un peu.
Mon enfant est né à 11h. La naissance s’est plutôt bien déroulée malgré la douleur ressentie. La sage femme me l’a posé sur la poitrine. C’était un moment hors du temps. Quelques minutes plus tard, la sage femme, paniquée, appelle le gynécologue. Une dizaine de soignants entrent tout d’un coup dans la salle, sans m’adresser un mot. On m’installe une perfusion, un masque à oxygène, je ne comprends rien.
La sage femme donne précipitamment le bébé à son père et lui ordonne de sortir de la salle, sans explication. Je me souviens encore de son regard…. Un mélange d’incompréhension, de peur et de colère.
Je me suis retrouvée seule dans cette salle, entourée d’inconnus sans que l’on m’explique quoi que ce soit. Le gynécologue m’examine, m’appuie sur l’utérus, met sa main puis réalise des points de suture, toujours sans explication. J’hurle que je sens tout ce qu’il fait, que la péridurale ne fonctionne plus depuis des heures. On m’injecte de l’anesthésiant mais c’est trop tard, il ne fera effet qu’après.
La tension finit par redescendre. Je demande au gynécologue ce qu’il se passe, si j’ai beaucoup de points de suture, il me répond simplement « j’ai vu pire ».
Ce n’est qu’une fois le gynécologue sortit de la pièce que la sage-femme m’expliquera ce qu’il s’est passé : une hémorragie de la délivrance.
Mon conjoint peut alors enfin me rejoindre dans la salle, avec notre bébé. Il lui donne son premier biberon puisque je ne peux allaiter à cause des médicaments qu’ils m’ont injecté.
J’ai vraiment cru que j’allais mourrir. Mon conjoint a également très mal vécu ce moment, il s’est retrouvé seul dans une pièce avec son nouveau-né, à attendre que l’on vienne lui expliquer ce qu’il se passe. Ça a vraiment été difficile pour lui. »
Quels sont les impacts psychologiques ?
Vivre une hémorragie de la délivrance peut constituer un réel traumatisme pour la femme qui accouche mais également pour le père, ou co-parent.
Il est possible de souffrir de stress post-traumatique après avoir vécu une hémorragie de la délivrance.
L’hémorragie étant une urgence médicale, les soignants n’ont pas toujours le temps d’expliquer ce qu’il se passe et ce qu’ils sont en train de faire.
Pour faire face à l’incompréhension des parents, il est important que les soignants reprennent avec eux ce qu’il s’est passé, qu’ils leur expliquent quels actes ont été réalisés et pour quelles raisons. Ces explications permettent de verbaliser les éventuels vécus traumatiques.
Le traumatisme peut également résider dans le fait d’être séparé de son enfant à la naissance, certaines femmes le vivant comme une réelle violence.
Le fait de vivre une nouvelle grossesse lorsque l’on a vécu une hémorragie de la délivrance peut être source d’angoisses. Il est important de verbaliser ces angoisses et se faire accompagner dans ce cas.
Enfin, lorsqu’une hystérectomie a du être réalisée en raison de la gravité de l’hémorragie, la femme doit faire le deuil d’une partie de son corps ainsi que d’une éventuelle nouvelle grossesse.
Les impacts psychologiques possibles à la suite d’une hémorragie de la délivrance sont nombreux et dépendent bien entendu de chaque situation et de chaque personne. Une prise en charge psychologique est souvent bénéfique, notamment en cas de stress post-traumatique.