Pratiques médicales non consenties, violences verbales, négligence… les violences obstétricales sont malheureusement encore trop courantes dans notre société.
Dans cet article, nous traiterons de la définition, des conséquences, de la prévention et des prises en charge de ces violences.
Les violences obstétricales : définition
Les violences obstétricales sont des actes ou des attitudes commises par des professionnels de santé lors de l’accouchement ou de la période post-partum qui portent atteinte à la dignité, à l’intégrité physique et/ou psychique, et aux droits des femmes enceintes ou accouchées.
Ces violences peuvent prendre différentes formes, telles que des violences verbales, des pratiques médicales non consenties, des humiliations, des attitudes discriminatoires, des pratiques invasives et douloureuses, ou encore des actes de négligence.
Ces actes peuvent avoir des conséquences graves pour la santé physique et mentale des femmes concernées.
Les conséquences des violences obstétricales
Les conséquences des violences obstétricales peuvent être multiples et variées, tant sur le plan physique que psychologique.
Sur le plan physique, les violences obstétricales peuvent entraîner des lésions et des traumatismes, tels que des douleurs, des hémorragies, des infections, des cicatrices, des troubles urinaires ou sexuels, et même des handicaps permanents. Elles peuvent également avoir des répercussions sur la santé de l’enfant à naître ou né.
Sur le plan psychologique, ces violences peuvent provoquer des états de stress, d’anxiété, de dépression, de traumatisme, de colère ou de culpabilité, ayant des répercussions sur la vie familiale, professionnelle et sociale des femmes concernées. Elles peuvent également avoir des conséquences sur leur capacité à prendre soin de leur enfant et à établir un lien de confiance avec lui.
Enfin, sur le plan social, les violences obstétricales peuvent renforcer les inégalités et les discriminations de genre, en privant les femmes de leur droit à une prise en charge respectueuse et égalitaire, en les stigmatisant ou en les infantilisant, et en les excluant de la participation aux décisions concernant leur santé et celle de leur enfant. Ainsi, elles impactent l’accès des femmes aux soins de santé et à l’information.
Il est donc crucial de reconnaître et de prévenir les violences obstétricales, afin de protéger les droits et la santé des femmes et de leurs enfants, et de promouvoir des soins respectueux et bienveillants.
Comment prévenir ces violences obstétricales ?
Il est essentiel de comprendre les causes de ces violences pour mieux les prévenir. Bien que chaque situation soit différente et doit être considérée comme telle, certaines causes économiques, sociétales et culturelles contribuent à l’existence de ces violences.
En effet, l’appropriation des capacités reproductives des femmes et la surmédicalisation de l’accouchement dans notre société favorise la banalisation de certains actes invasifs et de certains comportements. De nombreuses femmes ont par exemple subi une épisiotomie sans en être informée. Pourtant, cet acte ne doit être pratiqué qu’en cas de nécessité médicale réelle et avec le consentement de la patiente.
Le manque de moyens, notamment dans les hôpitaux publics, contribuent fortement à l’existence de ces violences obstétricales en créant notamment des conditions difficiles de travail pour les professionnels de santé qui sont parfois contraints d’adopter des pratiques peu respectueuses par manque de temps.
Le manque de personnel, de ressources matérielles ou financières peut également entraîner des pratiques médicales abusives ou non consenties, telles que l’épisiotomie systématique ou l’usage excessif de médicaments ou d’interventions chirurgicales.
Dans de nombreux cas de violences obstétricales, les femmes sont infantilisées, perçues comme passives, dépendantes et sans pouvoir de décision, entrainant une attitude paternaliste du professionnel de santé.
Bien que cela s’améliore, le manque de sensibilisation et de formation de certains professionnels de santé aux droits des patients à être informés et à consentir aux soins explique une part de ces violences.
Ainsi, les violences obstétricales sont le résultat d’une interaction complexe entre ces différentes causes. Promouvoir des pratiques médicales fondées, former et sensibiliser les professionnels de santé à ces questions et garantir des moyens suffisants pour assurer des soins de qualité et des conditions de travail favorables pour les professionnels permettraient donc de réduire considérablement ces violences.
Violences obstétricales : vers qui se tourner ?
Vous avez subi des violences obstétricales et ne savez pas vers qui vous tourner ?
Tout d’abord, vous pouvez, si vous le souhaitez, prendre en contact avec l’établissement dans lequel vous avez accouché. Il est important d’exprimer votre vécu, vos ressentis et de demander des explications sur les pratiques non respectueuses réalisées. Ce débriefing permet de revenir sur le déroulé de l’accouchement et de verbaliser les éventuels vécus traumatiques.
Cet échange permettra également à l’établissement de revoir ces pratiques pour que cela ne se reproduise pas à l’avenir.
Si vous souhaitez engager des poursuites judiciaires contre les professionnels de santé qui vous ont maltraitée, vous pouvez contacter un avocat spécialisé en droit du dommage corporel. Il saura vous conseiller et vous accompagner dans vos démarches.
Si vous en ressentez le besoin, vous avez la possibilité de faire appel à une association d’aide aux victimes qui vous conseillera et vous apportera des informations telle que l’association Stop VOG ou l’Institut de Recherche et d’Actions pour la Santé des Femmes.
Par ailleurs, un travail psychologique avec un thérapeute est souvent utile pour traverser cette épreuve.
Violences obstétricales et suivi psychologique
Souvent traumatisantes, les violences obstétricales peuvent avoir des conséquences psychologiques importantes et nécessiter un suivi psychologique adapté.
Il est important de prendre le temps de choisir un thérapeute avec lequel vous vous sentez en confiance et à l’aise pour partager votre histoire et vos émotions. Un suivi psychologique peut vous aider à surmonter les conséquences psychologiques des violences obstétricales et à retrouver votre bien-être émotionnel.